Suite à l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, un tapis monumental commandé par le roi Charles X en 1825 a été confié à l’atelier de restauration de tapis du Mobilier national pour restauration. Ce tapis de chœur en laine fait 200m2, mesure 25m de long et pèse 1,2 tonne.
L’histoire du tapis du chœur de Notre-Dame
Louis XVIII avait déjà le projet d’offrir un tapis à la cathédrale Notre-Dame. Mais c’est finalement Charles X qui en fait la commande. En 1825, l’intendant du Garde-Meuble de la Couronne (ancienne appellation du Mobilier national) estime que les tapis de cérémonie de Notre-Dame sont en mauvais état. Charles X, qui avait déjà offert un tapis d’Aubusson à la cathédrale de Reims après son sacre, décide ainsi de rendre tout son prestige à la cathédrale de la capitale de France en lui offrant un tapis de la manufacture de Savonnerie.
À l’origine, la manufacture de la Savonnerie se trouvait au pied de la colline du Chaillot depuis le XVIIe siècle. Par mesure d’économie, Louis XVI voulait transférer les métiers de la Savonnerie vers la manufacture royale des Gobelins. Au moment où le tapis est commandé le déménagement de la manufacture de Savonnerie n’a pas encore été réalisé. En 1826, alors que le tapis était en cours de production, le transfert est décidé. Les métiers à tisser doivent être démontés, ainsi que les productions en cours, dont le tapis de Notre-Dame.
Charles X avait destiné le tapis au chœur de Notre-Dame dès sa commande en 1825. Or, il est exposé au Louvre en 1838 et son affectation semble remise en question. En avril 1841, une lettre de réclamation est adressée au roi Louis-Philippe. Celui-ci accepte d’officialiser ce don lors du baptême de son petit-fils, le comte de Paris, en mai 1841.
En 1894, lors des travaux de restauration de la cathédrale sous la direction de Viollet-le-Duc, la partie basse du tapis est fortement endommagée. Le directeur de la Manufacture, Jules Guiffrey à l’époque, demande sa réparation. Cette dernière est retirée en 1895, mais n’a jamais était restituée. À ce jour, seul le carton du tapis en garde le souvenir.
Le tapis n’était utilisé que lors des grandes occasions, comme le mariage de Napoléon III et d’Eugénie de Guzman le 30 janvier 1853, le baptême du prince impérial le 14 juin 1856, la visite de Nicolas II Tsar de Russie en octobre 1896, la première messe à la télévisée le 24 décembre 1948 ou la visite du saint père Jean-Paul II le 30 mai 1980.
Daguerréotype d’Eugène Viollet-le-Duc en 1848, auteur anonyme, musée des monuments français.
En 2014, puis en 2017, il est exposé dans la nef centrale lors d’une exposition spéciale. Le reste du temps, il est conservé dans une caisse.
Des modifications d’ampleurs
Après la révolution de juillet 1830, des modifications d’ampleurs sont effectuées afin de retirer les motifs rappelant la royauté. Le blason de France et les fleurs de lys sont découpés au centre de la croix et sont remplacées par un soleil sur fond vert. Le vieillissement différent des laines permet d’en distinguer les traces. Le carton du tapis donne à voir ces modifications.
Même si 4 métiers à tisser furent utilisés, le tapis est composé de 2 parties chacune mesurant 12m de long.
Centre de la croix aux armes de France remplacé par un soleil sur fond vert. ©Pierre-Yves Beaudouin via Wikimedia Commons
Le tapis du choeur de Notre-Dame présenté dans la nef, après sa restauration, en janvier 2014 ©David Bordes
Carton du tapis de chœur, peint par Saint-Ange.
Une patience d’or pour une réparation digne de Notre-Dame
Pour réparer un tapis, il est nécessaire de commencer par travailler sur l’envers. En effet, cela permet de maintenir la laine d’origine en bon état. Les tapis anciens peuvent montrer des signes de faiblesse structurale : en renforçant l’envers du tapis, il est possible de restaurer sa stabilité et sa durabilité sans compromettre son apparence.
La restauration du tapis de Notre-Dame a demandé deux années de travail minutieux à l’atelier de restauration de tapis du Mobilier national. Trois années ont servi à le dépoussiérer et le nettoyer après l’incendie de la cathédrale. Il n’a pas souffert ni des flammes ni de l’eau déversée par les pompiers, mais de l’humidité qui en a résulté. La première mission a été de faire le nécessaire pour que l’humidité dont il a été imprégné ne pourrisse pas la laine et n’engendre pas le développement de parasites qui Carton du tapis de chœur, peint par Saint-Ange. Centre de la croix aux armes de France remplacé par un soleil sur fond vert. ©Pierre-Yves Beaudouin via Wikimedia Commons Le tapis du choeur de Notre-Dame présenté dans la nef, après sa restauration, en janvier 2014 ©David Bordes l’endommageraient. La restauration en elle-même demande 2 années, elle a commencé en juillet 2022 et sera terminée pour la réouverture de la cathédrale prévue en décembre 2024.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de l’art de Notre Dame, la DRAC de l’Île de France et le Mobilier national vont révéler les Grands décors restaurés de Notre-Dame, du 24 avril au 21 juillet 2024, à la Galerie des Gobelins Paris 13 ème .