Cette semaine, dans la grande dynamique de nos entretiens avec des clercs, retrouvez notre entretien avec le Père Guy Poisley, aujourd’hui à Lagny-sur-Marne (77).
Aux 7 routes, nous avons la conviction que chaque parcours est atypique et riche d’enseignements. Une jeunesse bien vécue et bien entourée est souvent formatrice pour, et peut-être surtout pour nos consacrés. Le jeune Père Poisley, à l’époque Guy, grandit entouré d’une famille aimante et pieuse. Il va grandir entouré de proches et enseignants contrastés capables d’inspirer sa foi comme de la challenger. Les témoins du message d’amour du Christ furent certainement nombreux dans la jeunesse du Père Poisley. Sa mère très pieuse infuse déjà le message du Christ auprès de lui. Son institutrice à l’école religieuse, elle-même consacrée, est une grande source d’inspiration dans sa foi d’enfant : toujours souriante, elle tient dans sa main un livre d’histoires pieuses, sorte de Bible illustrée qu’elle prenait soin de lire aux enfants et surtout d’expliquer. Arrivé à l’école communale, il est confronté aux derniers hussards noirs qui loin d’être complaisant à l’égard de l’Eglise lui donnent lieu de confronter sa foi, débattre et discuter.
Nous avons chacun un modèle spirituel, une personne ayant marqué et inspiré notre vie de foi. Le père Poisley nomme sans hésitation Saint François d’Assise. En effet, c’est pour la vision complète du Saint italien que l’abbé l’a choisi comme modèle. Le père de l’abbé était ingénieur agronome : la nature a donc toujours tenu une place importante dans sa famille et dans sa vie. La culture du respect de la nature, de la vie, de la création dans son ensemble porté par Saint François lui a donc beaucoup parlé et fait parti aujourd’hui des saints qui l’inspirent.
Le père Guy a vécu l’après-guerre et tous les événements qui au cours des Trente glorieuses ont marqué l’Histoire. Lorsque les événements de 1968 ont frappé la France. A l’instar de certains camarades séminaristes, le jeune Guy, s’est intégré dans les milieux ouvriers au point d’être même syndiqué CGT ! Il entre alors en contact avec des prêtres ouvriers et groupes de prières chrétiens qui inspirent sa vocation. La vie sacerdotale est parfois un choix difficile qui mène à des renoncements. En effet, l’abbé Poisley avait pour projet de devenir architecte avant d’entrer dans les ordres. Ce renoncement pour porter l’amour du Christ ne l’a pourtant pas empêché d’être un prêtre intégré dans le monde au plus près des travailleurs, des artistes, des plus nécessiteux !
Au cours de son sacerdoce, l’abbé Poisley a été marqué et inspiré par la fidélité des prêtres et laïcs à l’Eglise, ceux qui ont su et savent parler du Christ avec force et vérité, malgré le brouillard des fameuses Trente glorieuses et l’encensement de valeurs nouvelles au service de l’individu et de son plaisir. C’est par la fraternité et la force de caractère des membres de cette Église qu’elle a pu passer le tumulte de ces années.
« Le Seigneur a planté sa tente au milieu de nous : la vie communautaire importante, la fraternité est fondamentale.
Ces années ont également été marquées par des changements et bouleversements dans l’Eglise, qui ont pu mener à des tensions en son sein. Les 7 routes ont pour pilier l’unité de l’Eglise à travers ses différentes sensibilités. Pour l’abbé Poisley, la vie d’Église est la capacité de se mettre à la portée de chacun, même ceux ayant un parcours atypique tels que les célébrités avec qui il a pu échanger. Son conseil est plutôt de prendre parti, de réellement accepter l’autre différent et surtout rester soi-même sans s’écraser. l’affrontement des idées et positions doit avoir lieu sans haine et en vérité. Il faut reconnaître que les mêmes idées ne sont pas partagées, accepter l’autre puis cheminer ensemble pour trouver le commun, finalement retrouver le sens grec du dialogue.
L’Évangile nous rejoint là où nous sommes, l’Evangile n’a pas de chapelle, s’adresse à tous.
Les différentes chapelles qui se caractérisent aussi par des distinctions de milieux, le Père Poisley les a connues et expérimentées via ses rencontres et ses engagements, d’un côté auprès des milieux ouvriers et indépendants au sein de l’AJOC ou de l’Action catholique, de l’autre, auprès des scouts. En conclusion, les tensions au sein de l’Eglise, bien que naturelles et fruit de la conjoncture historique et romaine, ne peuvent se traiter que par l’excellence des positions de chacun ou la quête de l’Amour et de l’écoute éclairée par le Saint Esprit.
Cette rencontre ne pouvait se clôturer sans la question du pèlerinage, de la mise en marche. En effet, le Père Poisley résume le pèlerinage comme le fait d’attacher de l’importance à la rencontre, au temps de prière et à l’ouverture qui permet l’entrée de l’Inconnu autour de la rencontre fraternelle. Les pèlerinages ont la qualité de pouvoir remettre en route les personnes tout en les rassurant, et leur permettant de retrouver et renouer avec leurs racines. C’est aussi l’accueil de l’inconnu, car le chemin peut nous mener là où ne l’attendions pas et pas toujours là où on l’aurait souhaité. Finalement, c’est une grande aide qu’offrent les pèlerinages qui rappellent à l’humilité, à l’égalité aussi des uns envers les autres, qui peuvent à nouveau renouer en fraternité par la prière et l’échange.
Que dire aux pèlerins et aux fidèles s’interrogeant sur leur vie leur parcours ?
Eh bien, il faut accepter de se laisser conduire par l’Esprit Saint, et ce, en toutes circonstances. Lorsque l’on se voit attribuer des responsabilités, même de façon inattendue et dont on ne se croit pas capable : il faut faire confiance, c’est une opportunité de se révéler aux autres comme à nous-mêmes. Lorsqu’on est au premier plan peu importe les raisons, il faut se mettre au service des plus humbles, dans le concret de la vie. Il faut aller dans la vie avec courage sans se mettre au-dessus des autres, soit rester toujours dans le service.
En toute occasion, dans les moments de doute ou de difficultés, il faut s’appuyer sur le Seigneur. Il ne faut jamais hésiter non plus à se tourner vers la Sainte Vierge Marie et à s’en inspirer.
Elle nous rappelle par son oui, tous les « Oui » prononcés, c’est-à-dire nos engagements et l’acceptation des missions que le Seigneur nous donne, qu’Il a voulu que nous assumions. Sa petitesse et sa grandeur, son humilité, sa simplicité et son dénuement, la mettent au premier plan et elle continue à nous montrer le chemin vers le Seigneur.