Charade en forme de conte !
Par le chanoine Thibaut de Ternay
Lorsque nous prenons notre bâton de pèlerin nous avons déjà fait l’essentiel c’est-à-dire que nous avons pris une décision : quitter le confort du monde nous arrachant au matérialisme ambiant pour vivre dans un esprit de pauvreté notre démarche avec Marie.
Prenons notre chapelet et découvrons le 3ème mystère joyeux : La Nativité de Jésus et le fruit du mystère : l’esprit de pauvreté.
Cette découverte nous donne un premier élément de réponse pour bien vivre son pèlerinage, vivons-le comme une nouvelle naissance. Nous sommes dans la grotte de Bethléem, je veux dire notre point de départ avec nos bonnes chaussures, notre bâton et notre béret. Il y a là un âne et de l’autre côté nous apercevons un bœuf, je veux dire tous ces touristes qui nous regarde en se disant : « que se passe-t-il, quel est ce mystère ? » Nous faisons nos premiers pas et notre regard se penche vers de nouveaux horizons comme un nourrisson qui ouvre ses petits yeux et qui contemple les joues de sa maman et toute la création qu’il peut déjà appréhender en ouvrant ses sens à cette nouvelle vie.
Soudain je me mets à penser à Charles Péguy, oui ce poète, ce pèlerin et voici que vient à notre entendement un deuxième élément de réponse : l’habitude. Prenons garde, je vous en prie, à ce mot qui surgit : habitude. Ôhle vilain ! Ce mot notre poète l’avait en horreur, oui il détestait les âmes habituées. Par l’habitude, l’homme déchoit, se perd, désespère. C’est justement une rupture d’habitude qui nous incite à pèleriner.
Nous avançons vers notre tout, mais n’allons pas trop vite, il y a beaucoup d’obstacles. La Sainte Famille nous le montre bien. Il n’a pas été facile de naître ; trouver un lieu n’est pas toujours simple ; la fuite en Égypte pour fuir le Roi Hérode qui voulait tuer l’Enfant-Jésus ; les dangers de la route, comment allons-nous nous ravitailler pour manger, boire ; où allons-nous dormir ? Je pense alors au chant des complies scouts : « Avant d’aller dormir, sous les étoiles / Doux Maître, humblement à genoux / Tes fils t’ouvrent leur cœur sans voile / Si nous avons péché, pardonne-nous »
Ah mon âme est apaisée, je n’ai plus peur de cette aventure et je me démarque de petit Gibus qui disait dans la guerre des boutons : « Si j’aurais su, j’aurais pasv’nu !» Au contraire un sentiment de brise légère à la façon du Saint-Esprit m’envahit et des mots sonnent dans ma tête comme des éléments nouveaux de réponse : confiance, joie, paix, miséricorde.
Cependant pour que ces mots prennent corps, deviennent concrets, il nous faut être courageux et humble. Il y a là un prêtre avec un livre qui intrigue et qui force au respect. C’est un bréviaire qui contient les psaumes, des hymnes, des oraisons et mille autres trésors, il prie. Il est au milieu de nous tout joyeux mais il n’est pas tout à fait comme nous. Une force m’attire et me voici humblement devant lui, ce Tout-Autre, prosterné à genoux, je lui confie les aphtes de ma vie, oui mes péchés. Je dis tout avec un élan de sincérité qui m’étonne moi-même. Je ne me sens pas jugé mais d’un coup comme un vent violent, je suis pardonné. Les mots : confiance, joie, paix, miséricorde prennent une coloration nouvelle dans mon âme qui déborde, qui m’envahit, je suis heureux.
Tous ces éléments de réponse nous guident mais ne nous donnent pas tout à fait la réponse à notre question : Comment bien vivre son pèlerinage ?
Résumons : Mon 1er est une nouvelle naissance, mon 2nd est une rupture d’habitude, mon 3ème est la confession et mon tout est pour bien vivre mon pèlerinage je dois aller à son but. Qui suis-je ? Réponse : La CROIX GLORIEUSE.
